vendredi 24 août 2007

Les peurs

Sous un couvercle sans aspérité et propret, je ne suis que peurs. Des peurs alimentées depuis l'enfance par des phrases que je ne pouvais dire et que je n'ai pas entendu, des absences que je ne comprenais pas, des éléments que l'on me cachait. Puis on grandit. On apprend les règles et on les applique à la lettre car c'est le seul moyen de rendre fier, d'être aimé. On les applique au point de réussir à se dissimuler derrières elles ; au point même de réussir à les faire devenir soi aux yeux des autres et de s'en convaincre soi-même. Puis on réussit malgré tout à s'abandonner, à s'affranchir de quelques unes de ces règles. L'ivresse est alors douce, mais les murs qui s'étaient alors montés autour des peurs les laissent surgir de toutes parts.

Ce soir, ce billet apparaît comme une évidence. Une évidence que je savais déjà, car je la côtoie depuis quelques années maintenant. Cependant, la bête sauvage que sont les peurs, bien qu'apprivoisée, n'en perd pas pour autant sa nature : elle est toujours capable de morsures, de coups de griffes et de rage.

Cette bête est aussi moi. Le temps rendra sûrement la peur moins féroce et l'envie d'abandon luttera contre ses attaques. Mais il est encore des soirs où, profitant de la baisse de ma garde, de ma muraille, elle prend l'ascendant pour quelques heures.

Les murs vont très rapidement se refermer sur les peurs, les contenant ainsi jusqu'à la prochaine fois. Je sais qu'elle surgiront de nouveau. Désormais je ne crains plus leurs apparitions. Je sais qu'elles continueront à me dominer lorsque, baissant ma garde et m'abandonnant, je leur laisse l'occasion de surgir. Mais je sais aussi que je finis toujours, comme je termine d'écrire ce billet, par replacer le couvercle sans aspérité et propret sur les peurs.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Trés beau texte, mais ne devrais tu pas les affronter plutôt que dles laisser te bouffer peu à peu ?
Quoi que je dis ça mais, on fait bien tous pareille.

Celui qu'il ... a dit…

- Benjamin : Merci. Je les affronte une à une, mais lorsqu'elles arrivent en masse, je ne fais pas le poids.

liO a dit…

les murs et le silence protègent, mais se fissurent bien vite... avant de rompre...

brise le silence pour que les murs ne t'enferment pas...

Underscore a dit…

les murs ce ne sont que des cercueils, rien d'autre.
Et pis de rien.

dephie a dit…

A ces demons caches quand on est fort mais qui nous dominent des que l'on se relache...je les connais trop bien