lundi 18 décembre 2006

Les profs : tous des fainéants

Je m'insurge de la façon dont certains média traitent la grêve des profs d'aujourd'hui. D'après la radio ce matin et le journal de 13h de France 2, les profs manifestent contre la durée du temps de travail.

C'est une première erreur car la principale raison de cette grêve est la suppression de certaines décharges horaires qu'obtiennent certains collègues pour des tâches qu'ils effectuent. C'est le cas notamment pour certains professeurs qui ont une heure dite de labo, qui leur permet de ranger les laboratoires, préparer certaines expériences, commander du matériel (et non pas nétoyer leur salle !) ... C'est le cas en Physique-Chimie, en S.V.T. et en Histoire-Géographie (pour qui le labo correspond au classement et rangements des différents documents et cartes, aux commandes de matériaux pédagogiques, etc.). C'est également le cas de l'heure de première chaire qui est une heure de décharge attribuée aux professeurs enseignants un certain nombre d'heures (6 il me semble) dans des classes de lycée à examen. Or, pour ces collègues, le travail supplémentaire est bel et bien réel, croyez-moi !

Cependant, au JT de 13h sur France 2, Mme LABORDE présente (sur un ton assez méprisant d'ailleurs : à vous de juger ici) cette journée d'action comme une volonté des profs de "s'accrocher" à certaines décharges horaires qui ne seraient plus justifiées. Bonjour la neutralité journalistique ! S'en suit ensuite un reportage sur une prof de Philo. qui nous parle de son temps de travail réel. Quel rapport avec le thème de la journée d'action ? Personnellement, je ne le vois pas. C'est en ça que réside la deuxième erreur.

Quand est-ce qu'une partie de cette société décidera t-elle d'arrêter de croire que les profs n'en foutent pas une ? Et quand est-ce que certains média cesseront d'alimenter cette légende par de la désinformation ? D'ailleurs, aujourd'hui, Mme LABORDE, c'est moi qui critique votre travail qui n'a pas été fait correctement.
Je n'ai, pour ma part, pas l'impression d'être un profiteur des impôts que nous payons tous. J'ai même l'audace de croire que je mérite mon traitement (salaire des fonctionnaires), et d'ailleurs je ne m'en plains pas. Je passe en effet largement une heure de préparation ou de correction pour une heure de cours face aux élèves. Donc, si l'on fait l'addition : 18x2 = 36 ... au minimum, car croyez-moi, un tas de copies de 28 élèves de collège, ou d'une trentaine de lycéens ne se corrigent pas en une heure.

Les arguments que l'on présente aux professeurs sont que ces réformes sont réalisées pour bénéficier aux élèves. Il est facile de demander aux professeurs de sacrifier une part de leurs revenus, mais pourquoi ? Pour qui ? D'autant plus que les mesures prises semblent être davantage liées à une restriction des dépenses, plutôt qu'à un réel réinvestissement des capacités humaines en faveur des élèves.

Je ne me plains pas de mes conditions de travail, ni de mon traitement car j'ai l'impression qu'on me donne de quoi faire progresser mes élèves, même si l'on peut toujours mieux faire. Cependant, je ne vois pas pourquoi je devrai accepter leur dégradation. C'est pourquoi je suis en grêve aujourd'hui, et pas pour autre chose, n'en déplaise à une partie de l'opinion publique.

PS : Cette journée d'action porte également sur des thèmes secondaires mais non moins importants. Voir ici, car certains journalistes (la majorité) effectuent convenablement leur travail.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

en tant que prof technique je vais perdre l'heure de première chaire +

je vais devoir faire une heure ou 2 heures en plus car je n'ai que des groupes de 12 élèves

certes cela fait moins de copies mais préparer un TP avec 12 élèves ça donne beaucoup de travail
de plus nos élèves sont souvent des élèves difficiles.
et c'est comme ça que le gouvernement veut valoriser l'enseignement technique, en économisant sur le dos des profs