jeudi 25 janvier 2007

Quand on entend ce qu'on entend ...

Bon, il fallait bien qu'arrive le jour où je parlerai de politique. Evidement, j'ai mes convictions, mais je ne ressens pas le besoin d'en parler ici. J'exprimerai mes idées dans l'isoloir, mais d'ici là, je n'ai pas envie de prendre partie sur ce blog (quand bien même ce support soit devenu à la mode lors de cette campagne).

En revanche, j'ai envie d'écrire sur la direction globale prise par cette campagne. En effet, c'est en écoutant la radio hier matin (vive les bouchons franciliens), où un intervenant résumait les principaux thèmes de campagne du PS et de l'UMP, que ma réflexion s'est mise en branle.
Les deux principaux candidats (mais de qui parle t-il ?) centrent notament leurs campagnes respectives sur un sujet qu'ils estiment fondamental : le pouvoir d'achat des Français.


L'intention est louable dans un premier temps, mais en y réfléchissant plus longuement, il semble que le ton soit donné : notre démocratie est à son tour dévouée à la consommation. Les candidats ne parlent plus aux citoyens mais aux consommateurs. Et je dois avouer que cette idée ne correspond pas à mes idéaux.

Les candidats privilégiés par les sondages cherchent donc à draguer le consommateur plus que le travailleur, tout simplement parce que les premiers représentent un vivier d'électeurs potentiels plus fournis.
Quand bien même vous soyez au fond de la misère, chômeur (je n'ai pas dit que j'associais necessairement les deux) ou travailleur pauvre, nous sommes avant tout un consommateur, puisque pour vivre il faut consommer.

Cependant, cette optique n'est, à mon goût, pas la bonne puisque la réflexion ne porte pas sur le moyen terme (I love Braudel); ce qui, pour un dirigeant qui prétend rester en place au moins cinq ans, est plutôt déconcertant.
En effet, privilégier le pouvoir d'achat des consommateurs passe par une action sur deux éléments : les revenus des consommateurs et le prix des marchandises. Or, il semble que notre société s'oriente davantage sur le développement des prix bas comme le prouve le succès grandissant du phénomène du hard discount, dans de nombreux secteurs de consommation.
Mais en y réflechissant, le principal point qui permet de réduire le coût d'une marchandise est notamment d'en réduire son coût de production. Pour cela, les réductions du coup salarial sont là aussi le principal levier sur lequel peuvent agir les entreprises. Or celles-ci traduisent souvent cette nécessité par une baisse des salaires, un développement de l'emploi précaire (plus flexible donc moins coûteux), voir une délocalisation de la production.

Donc si je résume, à force de vouloir privilégier des prix bas et garantir un pouvoir d'achat plus important, on aboutit à un appauvrissement de ceux qui touchent déjà les salaires les plus faibles, voir à une destruction de leurs emplois. L'idée ne tient donc pas le choc sur la longueur. Démagogie quand tu nous tiens.

Je ne blâme évidement pas ceux qui achètent les produits estampillés hard discount, loin de là. Puisque je conscidère ces derniers plus comme des victimes car leur choix est plutôt du genre "marche ou crève". Moi même, j'avoue qu'il m'arrive aussi, malgré mes revenus qui me permettent un relatif confort, d'acheter ces produits dans un soucis d'économies. Mais lorsque c'est le cas, j'avoue que ma conscience m'aide toujours à pousser mon caddie.

Qu'une telle idée soit défendue par les mouvements politiques qui ne souhaitent pas aménager le capitalisme, je l'entends (je n'ai pas dit que je le comprenais ... nuance). Mais que la gauche majoritaire en face l'apologie et l'utilise comme un argument électoral, je trouve ça d'une démagogie et d'un manque de logique patent !

Non, je n'ai pas forcément encore l'illusion qu'une campagne électorale présidentielle parle à l'intelligence du peuple plutôt qu'elle ne cède à la facilité. Mais bon, à chaque fois, j'avoue que j'espère tout de même. J'attendais peut être (un peu) mieux de ceux qui se présentent comme incarnant un renouveau (douteux d'ailleurs). Mais quoiqu'il en soit, j'irais tout de même voter pour un candidat, car le contraire m'est inimaginable.

Mes raccourcis vont peut être faire bondir les économistes (y en a t-il ici ?), mais j'espère avoir fait comprendre mon sentiment en détaillant ma logique.

Aucun commentaire: