
J'ai pris une bien curieuse habitude ces derniers temps. Plutôt que de retrouver directement les personnes avec qui j'ai rendez-vous, ou lorsque j'ai à faire à Paris, et que le temps ne m'est pas compté ; je traverse le Marais à pied. Je me suis de nouveau livré à cette démarche cet après-midi. Mais pourquoi faire cela ?
Certes, la marche à pied est une activité saine et il est tout aussi agréable de déambuler dans les rues de Paris. La réponse que je peux apporter à cette question est double. La première idée est que ce quartier est souvent animé : tout ce monde me fait me sentir en vie, ou plutôt comme rattaché à l'humanité. Je suis là, comme ceux qui y font des courses, qui vont rejoindre des amis, leurs amants, ... Bref, je partage ce moment avec tout ceux qui y sont au même instant, pris dans nos individualités, nos vies, mais ensemble. Je suis une part de ce monde qui vit et s'agite autour de moi.
Mais je crois qu'au fond, mes attentes vont aussi bien au-delà. Je traverse les rues de ce quartier, je piétine ces trottoirs emplis d'espoir. M'arrêter sur un regard, déclencher une envie, n'importe quoi, mais qu'il se passe quelque chose.
Mais comment ne pas être déçu avec de telles attentes ? Combien de personnes entament une conversation simplement en se croisant dans la rue ? Il est inutile de répondre à ces question tant les réponses sont évidentes. Oui, je croise certains regards qui se posent sur moi, ou qui répondent aux miens. Mais au final, l'envie de la communication n'est pas suscitée. Alors pourquoi m'entêter, si ce n'est pour continuer à me miner.
Mais en y réflechissant, ne serait-ce pas pire de renoncer à cet espoir ? Parfois j'avoue souhaiter l'anesthésie de cette partie de moi qui attend. Certes, cette sensibilité (appelons là comme ça) fait partie de celui que je suis, mais elle me rend aussi la vie difficile parfois. De ces espoirs naît la déception qui me pèse ces derniers temps. Elle me rappelle que quelques mois de célibat suffisent à me prouver que je me suis tromper. Je croyais que le fait de vivre cette homosexualité allait mettre fin à cette solitude déjà longuement éprouvée auparavant ... mais après quelques espoirs et tentatives, cette dernière repointe le bout de son nez comme une évidence, en me retournant le dédain que je lui avais envoyé.
Les moments passés avec mes amis sont précieux et vécus pleinement, mais ils ne suffisent plus à la faire taire. Pour preuve, dès le lendemain d'une soirée sympa, je ressents sa morsure, au point d'être même inquiet quant à l'idée de vacances sans réels projets. Il va falloir de nouveau dépenser beaucoup d'énergie afin de ne pas me laisser envahir par ce sentiment. Je vais surement encore arpenter les rues d'un certain quartier ...